L’intelligence artificielle fait une entrée remarquée dans nos métiers, un peu comme un stagiaire trop enthousiaste : elle travaille vite, ne dort jamais, mais a encore du mal à expliquer clairement ce qu’elle fabrique. Les directions s’émerveillent déjà d’un futur radieux où la productivité grimpe plus vite que le prix de l’électricité, pendant que beaucoup de salariés se demandent, avec raison : « et moi, je deviens quoi dans l’histoire ? »
La réponse n’est ni de céder à la panique, ni d’applaudir naïvement. L’IA ne remplacera pas l’humain, du moins pas avant d’être capable de gérer une réunion Teams sans bug. Mais elle va bel et bien transformer nos métiers, et plutôt que de subir la vague, il vaut mieux apprendre à surfer dessus… ensemble.
C’est précisément là que les organisations syndicales ont un rôle stratégique. Elles ont traversé toutes les grandes révolutions du travail : mécanisation, automatisation, numérisation… l’IA n’est qu’un nouvel épisode de cette saga. Leur mission aujourd’hui n’est pas de freiner la technologie, mais de s’assurer qu’elle reste un outil au service de l’humain et non l’inverse.
Cela suppose d’imposer des droits nouveaux, d’exiger une transparence réelle sur les algorithmes, d’anticiper les impacts avant qu’ils ne s’imposent brutalement, et de rappeler que l’inclusion et la réflexion valent toujours mieux que la précipitation et le buzzword. Bref, il ne s’agit pas de subir mais d’écrire collectivement l’histoire.
L’IA peut être vécue comme une menace si elle arrive en catimini. Mais si elle est accompagnée par un vrai dialogue social, elle peut devenir ce qu’elle prétend être : une alliée. Et surtout, elle nous offre une opportunité rare : transformer nos échanges en véritable intelligence collective. Après tout, avant de craindre que les robots prennent nos emplois, on pourrait commencer par vérifier s’ils savent négocier une convention collective.
Spoiler : pas encore.