DTIME, un défi collectif… ou une épreuve de patience ?

DTIME a été présenté comme l’outil flambant neuf destiné à remplacer CTT, dans une version “améliorée”. Sur le papier, difficile de ne pas applaudir. Dans la réalité, les retours ressemblent davantage à un grand écart. Certains salariés s’y habituent peu à peu, tandis que d’autres ont le sentiment que le changement a été imposé sans filet, comme une séance de natation en eau profonde… sans bouée. Quelques mois plus tard, le constat est sans appel : rien n’a vraiment bougé.

L’entreprise se félicite en expliquant que les statistiques ne montrent pas d’augmentation des plaintes. Une bonne nouvelle, si l’on considère qu’un chiffre peut, à lui seul, rendre un salarié rassuré et motivé. Malheureusement, la vraie vie ne se passe pas dans un tableau Excel. Un projet ne se mesure pas uniquement en données, mais dans l’usage quotidien, dans le stress ressenti et dans la confiance accordée. Et sur ce terrain, les retours sont beaucoup moins reluisants.

Car derrière l’outil, c’est l’accompagnement humain qui fait défaut. Les fameux “champions” formés à DTIME existent, certes, mais si autour d’eux les collègues continuent à naviguer entre inquiétude et incompréhension, cela ressemble plus à un concours de solitaires qu’à un projet collectif.

Les salariés soulèvent toujours les mêmes problèmes : les heures supplémentaires qui se perdent dans les méandres du système et la gestion du sixième jour qui reste un mystère administratif. Deux sujets récurrents, deux angles morts qui nourrissent le doute.

Et puis il y a les fiches de paie. La CFDT continue de recevoir des remontées sur des erreurs directement liées à DTIME. Stress pour tous, sans distinction de statut. Le pire reste la méthode actuelle : une erreur de saisie est validée telle quelle, avec un flegme admirable, accompagné du désormais célèbre “pas de souci, on corrigera le mois prochain”. Pour un salarié, ce n’est pas un simple décalage technique, c’est une fin de mois fragilisée.

Face à cette situation, nous demandons un rapport complet et une transparence totale sur la mise en place de l’outil et sur ses véritables “gains” pour l’entreprise. Nous demandons aussi le retour de l’affichage du calendrier journalier sur les fiches de paie, afin que les salariés puissent vérifier eux-mêmes sans avoir à sortir leur loupe et leur casquette de détective privé. Enfin, il est urgent d’alléger et de simplifier la procédure de réclamation. Répondre “on verra bien le mois prochain” n’a jamais été une politique de gestion, tout au plus une pirouette pour gagner du temps.

DTIME ne peut pas se résumer à un acronyme synonyme de tracas mensuels. La réussite de ce projet se joue sur le terrain, pas dans les statistiques. Elle se joue dans la capacité de chaque salarié à utiliser l’outil sans anxiété, avec la certitude que son travail est reconnu et correctement rémunéré. Tant que ce cap ne sera pas atteint, il faudra bien plus que des chiffres pour convaincre.