Chronique douce-amère d’un quotidien au sein des équipes du Val d’Europe.

Où l’on apprend que parfois, le mal-être ne prend pas l’ascenseur tout seul.

Dans les couloirs feutrés des bâtiments au Val d’Europe, un·e salarié·e collaboratrice redécouvre ce que signifie… vivre normalement. Après un passage en arrêt maladie, il·elle dort enfin la nuit, sa main ne tremble plus, ses maux d’estomac ont disparu, et sa tête cesse de cogner à chaque mail reçu. Tout ça, sans filtre magique, ni coach bien-être sur LinkedIn. Juste l’éloignement temporaire d’un environnement professionnel devenu, disons-le, toxico-fatigant.

Pour envisager un retour progressif, on explore l’option d’un mi-temps thérapeutique. Et, grande révélation bureaucratico-médicale : seul son médecin traitant peut en faire la demande ou le renouveler. Pas son manager, pas le RH, pas même le médecin du travail (qui, au mieux, peut l’aider à rédiger les annexes, mais sûrement pas prescrire la potion).

Côté coulisses, un·e collègue bienveillant·e et lucide, tente de faire face à un cas d’école : dans le même service, une manager aux méthodes contestées met ses équipes à rude épreuve. Les salarié·es tombent comme des dominos… en arrêt maladie. Mais personne n’ose parler officiellement, sauf à ce collègue, devenu malgré lui point d’écoute officieux et confidentiel. Un poste non rémunéré, mais hautement nécessaire.

Lui, il a signalé les faits aux RH dès les premiers signaux d’alerte. Et il s’en sort. Mais face à un·e collègue qui revient tous les quinze jours, épuisée, confuse, sans réponse claire à ses démarches… même sa patience commence à vaciller. Il.Elle se plaint, il.elle écoute,  demande quoi faire, on explique mais rien ne se fait, il.elle s’agace poliment, mais sincèrement. Et on le comprend.

Morale de cette histoire, quelque part entre tragédie silencieuse et opéra administratif :

Quand le malaise est collectif, mais que les voix ne montent jamais au-delà du second étage, on finit par croire que tout va bien. Jusqu’à ce que les arrêts pleuvent. Et là, on se demande si les alertes de terrain ne valaient pas plus qu’un fichier Excel bien rempli.

Au Val d’Europe, comme ailleurs, le dialogue social ne se mesure pas à la taille des salles de réunion, mais à la place qu’on laisse à la parole fragile.