Publié le 24/07/2020
Par Emmanuelle Pirat
photo © Virginie de Galzain
Béatrice Lestic, secrétaire nationale, est responsable du développement des adhésions CFDT. Un sujet crucial pour l’avenir de l’organisation dans une période marquée par la crise sanitaire et ses conséquences économiques.
Revenons sur les bons résultats de 2019 en matière d’adhésion.
La CFDT a totalisé 625 525 adhérents à la fin 2019, en progression par rapport à 2018. Même si celle-ci n’a pas été à la hauteur de ce que nous espérions, on peut se féliciter des bons résultats.
Ils démontrent la mobilisation des équipes en faveur de la syndicalisation. Ils sont aussi le fruit de la dynamique créée autour des élections pour les conseils économiques et sociaux (CSE), pour lesquelles les militants ont été très actifs.
Quels effets a eu la crise de Covid-19 sur la syndicalisation ?
Sans surprise, la crise sanitaire et l’arrêt brutal de l’activité ont fait que l’adhésion s’est arrêtée tout aussi brutalement. Un des éléments clés de l’adhésion, c’est la proximité avec les salariés. De ce point de vue, le confinement et l’activité partielle ont rendu les choses très compliquées… Néanmoins, nous avons des équipes qui ont continué à s’étoffer. Elles ont réussi à faire de cette crise une opportunité.
C’est aujourd’hui tout l’enjeu. Les équipes vont être aux prises avec des situations difficiles, elles vont être très mobilisées sur les enjeux internes, les aspects économiques, la négociation d’accords (PSE, accords de performance collective, etc.). C’est une occasion de démontrer l’utilité du syndicalisme. D’autant plus que faire adhérer de nouveaux salariés permet de construire du rapport de force. Dans une entreprise, quand l’équipe syndicale est forte, cela se ressent dans la négociation. Cela permet de peser davantage face à la direction.
On pourrait comprendre qu’il y ait une certaine appréhension ou inhibition des militants à proposer l’adhésion, alors même que l’entreprise affronte des difficultés économiques et qu’ils tentent de limiter la casse ?
Ces situations sont souvent vécues, mais à tort, comme un échec par les militants : parce qu’ils n’ont pas réussi à empêcher des licenciements, qu’ils n’ont pas réussi à empêcher la dégradation des conditions de travail, etc. Bien sûr, c’est beaucoup plus satisfaisant en période faste, quand il s’agit de négocier et d’obtenir du « plus ». Mais en phase de récession, le travail syndical est tout aussi indispensable, et les élus du personnel n’ont pas à avoir honte. Il faut remettre le syndicalisme à sa juste place dans l’entreprise, qui est d’assurer un contre-pouvoir.
Propos recueillis par epirat@cfdt.fr