Affaire instruite et portée par l’avocat de la CFDT
Le Point, le 17 11 2017
« Le salarié, qui s’était vu confier un caniche après la mort de son berger belge, a obtenu 30 000 euros de dommages et intérêts pour harcèlement moral.
Ne jamais sous-estimer les liens qui unissent un maître-chien à son animal ! Euro Disney, qui exploite Disneyland Paris, en a fait les frais, début novembre, devant la cour d’appel de Paris.
L’affaire remonte au 16 avril 2011. Ce jour-là, la chienne de Fabrice, un maître-chien anti-explosifs qui travaille depuis des années dans le célèbre parc d’attractions, meurt des suites d’une piqûre de tique.
Euro Disney reproche à son salarié de ne pas s’être assez bien occupé de son berger belge, et le met à pied pour une durée de trois jours pour non-respect des règles d’hygiène.
Fabrice conteste et réclame qu’on lui donne un nouveau chien.
Ce qu’Euro Disney n’acceptera que contraint et forcé, après deux injonctions de l’Inspection du travail.
Le 25 novembre 2011, soit six mois après le décès de l’animal, la direction du parc d’attractions livre enfin la nouvelle bête, qui se trouve être… un caniche. Soit un animal beaucoup moins imposant qu’un berger belge… ou que les célèbres Pluto et Clochard.
Une volonté d’humilier de la part de Disney
Fabrice, qui estime qu’il s’agit là d’une manœuvre pour l’humilier, refuse et saisit les prud’hommes.
L’homme produit plusieurs attestations de ses collègues selon lesquelles il s’occupait bien de sa chienne et un témoignage de la vétérinaire qui a tenté de soigner le canidé : « Il ne saurait lui être reproché, de notre point de vue, d’avoir négligé sa chienne. Il est venu la voir matin et soir et était présent lors de la transfusion sanguine le 15 avril », peut-on lire.
Le 2 novembre 2017, la cour d’appel de Paris lui a donné raison, estimant que le remplacement de son chien par un caniche « apparaissait, sinon humiliant (…), à tout le moins ironique ».
Et que, si le caniche peut parfois être utilisé dans la recherche d’explosifs, comme l’allègue Euro Disney, un collègue de Fabrice venait, quant à lui, de recevoir un berger allemand.
Et les magistrats de conclure : « Le choix du caniche ne pouvait ainsi qu’avoir pour effet, sinon pour objet, de placer Fabrice en situation de ridicule et portait en conséquence atteinte à sa dignité. »
Conséquence : 30 000 euros de dommages et intérêts pour harcèlement moral. »